"Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es il est vrai mais je te connaîtrai mieux si tu me dis ce que tu relis." François Mauriac.

dimanche 3 août 2014

La fraternité vue par Zaz

Cette ballade, tiré de l'album "Recto Verso" (2013) fut écrite et composée par Jean-Jacques Goldman, suite à une conversation au cours de laquelle Zaz lui a présenté son engagement associatif au sein de 'Colibris', mouvement citoyen qui cherche à construire une société à la fois écologique et humaine.

Le clip est signé : Coline Serreau, réalisatrice du documentaire : Solutions locales pour un désordre global.



Si (Zaz) Karaoké


Si j'étais l'amie du bon Dieu.
Si je connaissais les prières.
Si j'avais le sang bleu.
Le don d'effacer et tout refaire.
Si j'étais reine ou magicienne,
princesse, fée, grand capitaine,
d'un noble régiment.
Si j'avais les pas d'un géant.

Je mettrais du ciel en misère,
Toutes les larmes en rivière,
Et fleurirais des sables où filent même l'espoir
Je sèmerais des utopies, plier serait interdit,
On ne détournerait plus les regards.

Si j'avais des milles et des cents,
Le talent, la force ou les charmes,
Des maîtres, des puissants.
Si j'avais les clés de leurs âmes.
Si je savais prendre les armes,
Au feu d'une armée de titans.
J'allumerais des flammes,
Dans les rêves éteints des enfants.
Je mettrais des couleurs aux peines.
J'inventerais des Éden.
Aux pas de chances, aux pas d'étoiles, aux moins que rien.

Mais je n'ai qu'un cœur en guenille,
Et deux mains tendues de brindilles.
Une voix que le vent chasse au matin.
Mais si nos mains nues se rassemblent,
Nos millions de cœurs ensembles.
Si nos voix s'unissaient,
Quels hivers y résisteraient ?

Un monde fort, une terre âme sœur,
Nous bâtirons dans ces cendres
Peu à peu, miette à miette,
goutte à goutte et cœur à cœur.
Peu à peu, miette à miette,
goutte à goutte et cœur à cœur.



mardi 25 février 2014

Poignante, vibrante Indila dans son nouvel opus


Sans doute avez-vous déjà écouté le clip d'Indira, sorti en décembre dernier : Dernière Danse, visionné 20 millions de fois sur You tube. Sa voix puissante et douce a conquis un large auditoire.

Elle vient de sortir ce lundi son premier opus : "Mini Wold" dont l'écoute m'a conquise. Je vous en propose un extrait à travers son deuxième titre : "Tourner dans le vide". Sa voix aux vibrations uniques nous entraîne dans un rythme ondulatoire poétique qui saisit et charme.

On est loin du rap dans lequel elle s'est glissée, un temps pour accompagner certains rappeurs dans leur tube.

Les différents morceaux, fort variés, testent des univers très différents naviguant entre mondes grandioses et intimistes.

A n'en pas douter, une artiste à part entière est née, son CD tourne en boucle et je me laisse bercer par cette voix étonnante.

Bonne écoute.....

Tourner dans le vide :
Dernière Danse by Indila on Grooveshark

et puis revoyons ou découvrons le clip de "Dernière danse", pour notre plus grand plaisir :

lundi 17 février 2014

12 years a slave



Ce film retrace l'histoire vraie de Solomon Northup, jeune homme noir de la bourgeoisie new-yorkaise, quelques années avant la guerre de Sécession. 

Ce violoniste de talent, marié, père de famille de 3 enfants, cultivé et respecté mène une vie confortable et libre. A l'occasion d'une transaction commerciale banale, il se retrouve enlevé, battu, vendu comme esclave et transféré vers la Nouvelle Orléans. On le retrouve au fond d'un cachot, dans un état de sidération totale qui lui enlève toute velleïté de défense. Face à la cruauté des esclavagistes sudistes dont il est la propriété, il comprend très vite qu'il doit s'adapter pour rester en vie et s'efforce de conserver une certaine dignité. Douze ans plus tard, son chemin va croiser celui d'un abolitionniste blanc canadien joué par Brad Pitt, cette rencontre va de nouveau faire basculer sa vie....

Ce film est merveilleusement réalisé par Steve Mac Queen  et scénarisé par John Ridley. L'acteur principal Chiwetel Ejiofor, tout en retenue, nous offre un Solomon bouleversant de vérité, d'une densité à couper le souffle.  Les autres comédiens sont eux aussi excellents notamment Fassbender, son second maître qui joue le rôle d'un homme cruel, sadique, violeur dans un numéro grotesque et bluffant ou bien le magistral Benedict Cumberbatch, son premier maître beaucoup plus humain. J'ai été très touchée également par Lupita Nyong'o dans le rôle de Patsey, une esclave tyranisée, maltraitée, violée par un maître sanguinaire et sadique. Son jeu tout en finesse et en émotion à fleur de coeur est magistralement interprété.

Ce film, sorti en janvier 2014, vient d'obtenir ses premières récompenses en Angleterre, les BAFTA du meilleur film. Il est par ailleurs nominé aux Oscars 2014 dans au moins 9 catégories dont l'Oscar du meilleur film et l'Oscar du meilleur réalisateur.
J'ai été particulièrement impressionné par la violence imposée à ces esclaves, leur enfermement psychologique et physique désespéré dans lequel aucun échappatoire n'est possible. Le "nègre" est un objet et Steve Mac Queen a su, magiquement, nous le faire ressentir dans notre chair avec une intensité juste, digne sans aucun mélo. Je suis sortie de la salle de cinéma dans un état second lourd et tragique dont j'ai eu peine à me défaire.

La musique du film nous remue aux tripes, je vous propose deux extraits :


“Little Girl Blue” by Laura Mvula on Grooveshark

Washington by Hans Zimmer on Grooveshark

Je vous recommande tout particulièrement ce film intense, émouvant aux larmes, que je retournerai voir sans hésiter. 

J'ai une pensée émue pour tous ces esclaves martyrisés et avilis par leurs pairs de "race" blanche, totalement deshumanisés. Il me semble leur devoir la lecture de l'ouvrage éponyme écrit par Solomon Northup, lui-même, comme un ultime hommage fraternel, comme une réhabilitation des infamies subies.

Bon film !

dimanche 26 janvier 2014

Un visage d'ange - Lysa Ballantyne



"Cette âme est pleine d'ombre, le péché s'y commet. Le coupable n'est pas celui qui fait le péché mais celui qui fait l'ombre."  Victor Hugo, Les Misérables



Je viens de de terminer la lecture d'un très beau roman "Un visage d'ange", premier ouvrage de l'américaine Lysa Ballantyne, sorti en juin 2013 en version française aux Editions Belfond.

J'ai été captivée par l'histoire de ce jeune garçon de 11 ans, Sébastian Croll, issu d'un milieu aisé, accusé du meurtre d'un garçon de 8 ans, Ben Stokes.

Sébastian "était incroyablement beau et son visage en forme de coeur -pommettes larges, menton pointu- aurait presque pu passer pour celui d'une fillette." Il avait "de grands yeux verts pétillant d'intelligence", un regard franc et ouvert, une voix musicale, posée, désarmante d'innocence. Ses propos étaient clairs, cohérents, dignes de confiance.

La police est sûre de la culpabilité de Seb au vu des témoignages et indices accumulés, notamment un témoin ayant vu les deux garçons de bagarrer peu avant le crime et des taches de sang maculant le tee-shirt et les chaussures de Seb. Il aurait tué Ben Stokes en lui écrasant une brique sur le visage avant de dissimuler le corps.

Son avocat Daniel Hunter, 35 ans, est convaincu de son innocence et va s'employer de toutes ses forces à l'innocenter. Au fil des pages, on le sent s'attacher plus que de raison à ce jeune enfant, tissant des parallèles entre la vie de Seb et sa propre enfance. Seb a une mère d'une grande fragilité, accro aux médicaments, battue par son mari. Tout comme Daniel autrefois, il vit dans un univers insécure entre un père souvent absent et une mère qui ne parvient plus à le gérer, qu'il violente et protège tour à tour. Daniel a eu une enfance chaotique, de père inconnu, élevé par une mère toxicomane qu'il protégeait de ses amants violents. De famille d'accueil en famille d'accueil, Daniel était en perdition, agressif, instable jusqu'à ce qu'il soit recueilli par une femme au passé difficile, ancienne infirmière psychiatrique qui saura l'accueillir, l'aimer et lui offrir un cadre sécurisant, Minnie.

J'ai aimé ces allers et retour permanents entre ces deux histoires de vie très prenantes, l'intensité du procès riche en émotions, en rebondissements, le garçonnet y participant un peu comme un spectateur.

J'ai été interpellée par une question posée en filigrane tout au long du roman à savoir quelle culpabilité et quelle sentence pour un enfant si jeune, innocent ou pas, s'il devait être condamné pour ce crime atroce ? Faudrait-il l'extraire de sa famille et le punir en le confiant à des foyers, l'incarcérer dans des prisons, écoles du crime pour des enfants-adolescents aux prises avec des problèmes inextricables ? Ou bien devrait-on  lui donner une chance de s'en sortir en le laissant en liberté avec un suivi en raison de son jeune âge et abandonner la famille du petit enfant assassiné avec le sentiment cruel de l'impunité.

L'auteur ne tranche pas cette question et laisse le lecteur avec un puissant sentiment de trouble, de malaise. On quitte ce roman plutôt déstabilisé tant on s'est senti proche de ces personnages attachants dont la part de mystère reste très prégnante, notamment chez Sébastian même si à la fin l'auteur nous livre un verdict et un dénouement inattendus.

La résolution de cette sombre affaire criminelle nous donne envie de nous replonger dans ses ressorts psychologiques pour mieux comprendre ce qui sans doute reste et restera la part d'ombre et de mystère insondable que nous portons tous en nous et qui un jour ou l'autre se révèle ou pas.......

et puis.....un soulagement tout à la fin........Daniel finira par trouver pour lui-même la réponse qui "l'apaisa enfin" et qui permettra au lecteur de sortir de ce roman, doucement, sur la pointe des pieds pour ne pas troubler le tête-à-tête ultime.

Je recommande vivement cet ouvrage.

lundi 13 janvier 2014

Eva Ganizate, soprano de grand talent

Quelle tristesse que cette mort absurde comme le sont souvent les morts jeunes. Eva Ganizate vient de mourir à l'âge de 28 ans d'un stupide accident de vélo. Je l'avais découverte il n'y a pas très longtemps et j'avais été transportée par cette voix chaude, à la tessiture impressionnante.

 

Le directeur de l'Opéra comique, Jérôme Deschamps, lui a ainsi rendu hommage: "C'est la première en qui je croyais comme chanteuse et elle était une merveille. Elle a incarné la raison de vivre de l'Académie de ce théâtre en plus d'être une magnifique personne. Lorsque j'avais fait les auditions, j'avais été frappé par son énergie gracieuse, sa voix ce timbre miraculeux. Je l'ai appelée avant tout le monde. En dehors de l'Opéra-Comique, on se voyait souvent, nous écoutions de la musique ensemble, elle était pleine d'énergie et de lumière".

Isabelle Adjani, grande amie de la mère d'Eva Ganizate, a également fait part de son émotion. "Eva était un être exquis, elle était rayonnante de vie, elle avait une voix d'ange sur Terre. Elle est repartie là d'où elle venait, au Paradis. La perdre, nous prive de la présence, dans l'opéra, d'une immense chanteuse, que tout le monde allait bientôt découvrir". 


mardi 9 avril 2013

James Blake...Overgrown... découverte déconcertante...



Découverte saisissante : James Blake et son dernier opus : Overgrown. Je ne suis pas une fan de la musique électronique mais franchement ce morceau est interprété magistralement par son compositeur : James Blake dont le premier album éponyme date de 2011.

Né en Angleterre en 1988, James Blake est considéré comme un pionnier du mouvement post-dubstep et semble fort apprécié par ses pairs. Ne me demandez pas les spécifications de cette catégorie de musique, je me contente d'écouter avec une certaine gourmandise le côté planant et futuriste.

Je suis toute tourneboulée par ma découverte et vous qu'en pensez-vous ?


dimanche 7 avril 2013

La religieuse de Guillaume Nicloux



Réalisateur : Guillaume Nicloux
avec Pauline Etienne, Louise Bourgoin, Isabelle Hupert....
Date de sortie : 20 mars 2013
Inspiré du roman posthume de Denis Diderot.


Deuxième moitié du XIXe siècle....Suzanne Simonin, une jeune fille de 15 ans dans un grand élan mystique : "je veux être religieuse."
On l'emmène au couvent...temps de réflexion avant le noviciat...et soudain : la prise de conscience. Vivre dans le monde, se marier sans doute mais pas avec Dieu. La jeune fille est rebelle, pleine de vie et n'aura de cesse de convaincre la mère supérieure, compréhensive, généreuse mais qui sait combien ce combat est perdu d'avance. En effet, l'appui de sa famille va lui faire défaut. Ses deux soeurs établies, dotées richement, elle ne pourra avoir sa part et devra entrer au couvent. Le film se déroule sur un fond d'histoire familiale lourde, secrète qui pèse sur le film et le rend très attachant.

Guillaume Nicloux, le réalisateur modernise le roman de Diderot en accentuant des thèmes très contemporains. " La révolte d'une jeune femme face à l'autorité, son combat sans relâche pour la liberté, le droit à la justice, le refus de se résigner, la lutte contre l'arbitraire."

Ce film dépeint avec beaucoup de force certaines dérives  de ces couvents, univers clos où la toute-puissance des mères supérieures s'exerçait avec peu de contrôle et laissait libre cours à tous les fantasmes, cruautés et névroses de toute sorte.

Ce film est très différent de la première version, tournée dans les années 60 par Jacques Rivette. Sa sortie déclencha un scandale et fut repoussée de quelques années. Jean-Luc Godard adressa une lettre au ministre de la culture de l'époque : André Malraux qu'il appela le ministre de la "Kultur". Il y dénonce la censure cette "gestapo de l'esprit". J'avais beaucoup aimé l'interprétation d'Anna Karina, moins rebelle, victime de l'enfermement, terrassée par le sort. Dans ce nouveau film, Pauline Etienne donne à son interprétation une inflexibilité, une force de vie, une pureté, une détermination qui rendent un peu mièvre la fin inattendue.

Vous avez compris que j'ai trouvé ce film passionnant, vivant, interprété de façon magistrale et juste.

Je le recommande chaudement.

Malou

Pour en savoir plus :